Premier lever des couleurs

Le 11 janvier 2016, le drapeau français a été levé pour la première fois, par M. Alain Gournac, sénateur des Yvelines et maire honoraire du Pecq. C’est M. Gournac qui a eu l’idée de l’installation de ce mât dans la cour de notre école et qui nous a soutenu pour permettre à ce projet d’aboutir. Qu’il trouve ici l’expression de toute notre gratitude !

Discours prononcé par Michel Valadier, devant les élèves rassemblés :

Dans quelques instants, nos trois couleurs vont flotter en haut de ce mât de huit mètres. Le drapeau est un symbole, oui mais lequel ? D’où vient-il ? Vous avez vu cela en classe, mais permettez que je vous rafraichisse la mémoire.

Depuis l’antiquité, les armées ont eu leur emblème, puis leur drapeau. Ceux-ci reprenaient un insigne ou une couleur qui permettait d’identifier la troupe et sa patrie. Pensons aux aigles des légions romaines par exemple. Mais les Etats n’avaient pas de drapeau.

Le premier drapeau s’identifiant à la France, fût semble-t-il le drapeau blanc, en souvenir de l’oriflamme de sainte Jeanne d’Arc dit-on ; nous sommes alors au XVIème siècle, sous le règne de Louis XIII. Les armes de France étant les trois fleurs de lys, disposées en triangle, sur fond blanc.

Mais le bleu, déjà, avait été adopté par les rois mérovingiens et carolingiens, car c’était la couleur du manteau de saint Martin de Tours.

Et l’oriflamme des capétiens était rouge en souvenir du martyr de saint Denis, évêque de Lutèce.

La plupart des historiens rapportent que les trois couleurs actuelles furent symboliquement réunies pour la première fois à l’Hôtel de Ville de Paris, le 17 juillet 1789, quelques jours après la prise de la Bastille.

Ce jour-là, Louis XVI est reçu à l’hôtel de Ville de Paris. Le Maire offre au Roi une cocarde rouge et bleu, aux couleurs de la ville ; couleurs qui furent adoptées en 1358, toujours en souvenir de saint Martin et de saint Denis. On a connu parrainage plus infamant !

Cette cocarde rouge et bleue, appelée « royale et bourgeoise » était alors le signe distinctif de la milice parisienne récemment créée. Apposée sur la cocarde blanche que portait Louis XVI sur son chapeau ce jour-là, cela donna la cocarde tricolore.

Très rapidement, la Révolution fût prise en main par une minorité active et déterminée, qui conserva le pouvoir par la terreur et destitua le Roi lorsque que celui-ci opposa son veto aux lois anti religieuses, que la convention de ce fait imposa.

Et ce roi, bienveillant mais faible fût alors condamné à mort, pour « tyrannie » ; quelle ironie…

Revenons au drapeau français : il prit la forme actuelle et devint pour la première fois le pavillon national le 15 février 1794 ; deux ans après la chute de Louis XVI et un an après son exécution.

A cause du climat de terreur qui avait accompagné sa naissance, une partie de la population avait ce drapeau en horreur : en fait ceux qui luttaient pour la liberté de culte et qui furent persécutés ou impitoyablement exterminés : hommes, femmes et enfants. Les colonnes infernales portaient ce drapeau, tandis que les vendéens révoltés se battaient sous le drapeau blanc.

Grâce à Dieu, la paix religieuse revint en France et lorsque l’Empire fût proclamé, le drapeau que vous voyez ici, devint le pavillon du Premier Empire.

En 1815, Louis XVIII monte sur le trône et – sans doute en raison de la Terreur et du traumatisme qu’elle avait engendré – décide de prendre le drapeau blanc comme emblème national et non celui que l’on appelait alors : le drapeau de la Révolution.

Lorsque Louis-Philippe devint roi des Français en 1830, à la faveur de la Révolution de juillet, il reprit le drapeau tricolore.

En 1848, une insurrection chasse Louis-Philippe. Les révolutionnaires proclament la république et ne tenant pas plus que cela au drapeau tricolore, veulent imposer le drapeau rouge comme emblème national. On raconte que Lamartine harangua la foule pour la convaincre de garder le drapeau tricolore : « le drapeau rouge est le drapeau d’un parti, il n’a jamais fait que le tour de Paris. Le drapeau tricolore et la France, c’est une même pensée, un même prestige ».

Le drapeau resta donc tricolore sous la République et sous le second Empire.

En 1873, trois ans après le désastre de Sedan et l’abdication de Napoléon III, la chambre des députés étant composée d’une majorité absolue de députés royalistes, cherche à faire monter sur le trône le dernier descendant de la branche aînée des Bourbons : le comte de Chambord. Les plaies toujours vives engendrées par la Révolution furent exploitées par les opposants à cette restauration. Ceux-ci firent en sorte que le futur Henri V refuse ce drapeau, après lui avoir fait dire faussement dans la presse qu’il « l’accepterait avec joie », ce qu’Henri V tint à démentir. C’était un piège car, encouragé par le Pape Pie IX et une partie de son entourage, Henri V était prêt à ne pas remettre en cause le drapeau tricolore, au moins dans un premier temps ! La IIIème République est en fait née par défaut, avec pour premier Président, un royaliste : le général de Mac Mahon…

Les trois républiques qui se succédèrent jusqu’à aujourd’hui gardèrent le drapeau bleu, blanc et rouge.

Ces rappels historiques sont là pour vous montrer que ce drapeau n’est pas – n’est plus – le drapeau d’un régime en particulier. Il a flotté sous l’Empire, la royauté et la république, c’est le drapeau de la France.

Le sang versé par des millions de soldats, depuis 200 ans l’a abondamment purifié des souillures qu’il a pu contracter à sa naissance. Au cours de la deuxième Guerre Mondiale, les royalistes Tom Morel et Honoré d’Estiennes d’Orves – pour ne citer qu’eux – n’ont pas hésité à servir sous ce drapeau et à mourir pour le défendre, ou défendre ce qu’il représentait à leur yeux : la terre de France.

En 1856, le général baron Ambert écrivait : le drapeau, c’est la patrie ! On vit sous son ombre et sous son ombre on meurt. Il est le point lumineux où se rencontrent tous les regards ; loin de la famille et de la patrie, il rappelle la famille et la patrie.

Notre drapeau fût même « sanctifié » par le ciel en quelque sorte, lorsque Claire Ferchaud eut une vision de NSJC en 1916. Elle obtint une audience auprès de Raymond Poincaré, alors président de la République, le 16 janvier 1917, pour lui demander au nom du ciel, d’apposer le Sacré Cœur sur le drapeau français. Le président Poincaré invoqua les pouvoirs de la Chambre des députés et l’affaire en resta là. Mais la rumeur se répandit comme une trainée de poudre et plus d’un million de petits drapeaux français furent distribués et portés par nos soldats dans les tranchées, avec sur le fond blanc, un Sacré Cœur et cette inscription : « Espoir et salut de la France ». Le succès des armes de la France n’en a visiblement pas pâti !

Honneur au drapeau. Soyons fiers de lever les couleurs. Respectons notre drapeau. Et que vive notre chère France !

N.B. : Le drapeau sera levé tous les lundis matin à 8 h 30 et ramené chaque vendredi soir. Cette mission est confiée chaque semaine à quatre élèves méritants. 

Leave a Reply