Nos élèves récompensés au concours de la DRAC !

Nous sommes fiers et heureux de vous annoncer les résultats des épreuves 2014 de la DRAC :

Concours écrit :

1er prix : Elisabeth Doumic et Cyr Gaignault (ex-æquo)

3ème prix : Pierre de Sampigny

Coupe d’éloquence :

1er de la coupe des garçons : Alban de Lapasse, TES

1er de la coupe des jeunes filles : Marie Gabrielle Brochier, 2de

De ce fait, nous avons l’honneur de garder les fanions des deux coupes dans notre établissement pendant un an.

Nous félicitons les élèves primés, sans oublier les demi-finalistes qui ont également fait honneur à notre école : Melle Claire Marie et MM. Grégoire de Franssu et Tugdual Harel.

Au total dix élèves ont préparé l’épreuve de la coupe et cinq ont été sélectionnés en demi-finale.

Merci à tous les enseignants qui ont contribué à la préparation des élèves. Notre objectif est maintenant de garder le fanion, ad multos annos !

Sincèrement

Nicole Durieux

Salvatore Niffoi

Marie-Hélène Tommy Martin

Michel Valadier

Texte de Marie-Gabrielle BROCHIER :

Vous étiez peut-être dans la foule qui hua notre très cher président de la République le 11 novembre dernier… Vous vous rappelez qu’il venait de raviver la Flamme, sur la tombe du soldat inconnu qui repose sous l’Arc de Triomphe. Cet incident à l’aube du centenaire du début de la Grande Guerre nous interroge.Quel est le sens profond du ravivage de la Flamme, qui n’est pas uniquement réservé au 11 novembre ni au Président, mais qui est répété inlassablement chaque jour ? Cette petite Flamme sous l’Arc de Triomphe est-elle la flamme moribonde du Souvenir ou celle vacillante de l’Espérance ?1. On ne donne pas aux mots le sens qui nous plaît. On le reçoit en héritage. Il en va de même pour un symbole comme le Ravivage quotidien de la Flamme sur la tombe du soldat inconnu. À l’origine, il fut institué avec une triple dimension, psychologique, morale et politique.1.1. Rappelons-nous. 1918, le bilan de la première Guerre Mondiale résonne, il est sinistre, tel un glas : 1 357 800 morts et disparus. Beaucoup de familles ne peuvent pas retrouver le corps de leur mari, frère ou fils. Est-il mort ? Va-t-il rentrer ? Face à ce deuil impossible germe en 1916 l’idée d’exhumer un de ces soldats non identifiés en lequel chaque famille pourrait reconnaître ses défunts perdus lors de la guerre. Le 28 janvier 1921, le Soldat Inconnu est enterré sous l’Arc de Triomphe. Mais il nous faudra attendre 1923 pour que Maginot, alors ministre de la guerre, allume pour la première fois une flamme sur la tombe de celui qui est devenu le représentant de tous les morts de la première Guerre Mondiale. Tel un habit coloré qui met fin au noir des épouses ou des mères endeuillées, la Flamme marque la fin du deuil de la France et la victoire de la vie, plus forte que la mort. Il ne s’agit pas d’oublier le sacrifice de ces soldats morts pour leur patrie, mais cette flamme du Souvenir est une flamme d’espoir permettant de se relever après l’épreuve de la Grande Guerre.1.2. Mais plus encore, il s’agissait à l’origine, pour toutes les familles de France, d’un véritable devoir moral. Un devoir de mémoire envers ces Poilus qui avaient offert leur vie pour la défense de leur pays. Le ravivage quotidien de la Flamme était tout simplement un acte de justice. Mais le temps, peu à peu, va le rendre insignifiant. Permettez-moi de vous rapporter deux faits divers : en 1959, un individu trouve intelligent de cuire des œufs sur la Flamme. Quelle insolence ! 16 ans plus tard, un autre tente de l’éteindre au moyen d’un extincteur. Ils sont tous les deux condamnés à la prison et à payer une amende, mais le second moins durement que le premier. N’est-ce pas là le signe que la force du symbole s’est atténuée ? Les générations suivantes n’y attachent plus la dimension psychologique du deuil. Le Ravivage quotidien de la Flamme n’est plus perçu par la majorité des Français comme un devoir de mémoire. Aujourd’hui, en effet, combien de nos concitoyens savent que cette Flamme qui brille sur la tombe du Soldat Inconnu est ravivée tous les soirs à 18h30 ? 1.3. Et combien savent que ce geste avait une troisième dimension, une dimension politique ? Les membres des partis de gauche, pacifistes, internationalistes et antimilitaristes ont, tout au début, copieusement dénoncé ce culte républicain. D’après l’historien J.F. JAGIELSKI, le soldat « inconnu est pour eux à la fois une victime et un prétexte ». Un prétexte pour justifier d’autres guerres au nom d’une idéologie bourgeoise. Ce courant politique avait du mal à accepter le fait qu’un pays, une nation, c’est une terre, un héritage que l’on reçoit et que l’on doit transmettre. La gauche ne peut accepter ce symbole qu’en lui donnant une autre signification, celle de tous les combats contre l’oppression d’une minorité. C’est ainsi que notre Président actuel est allé le 11 novembre dernier à Oyonnax, honorer la mémoire de maquisards de la seconde Guerre Mondiale. La droite, au contraire, estimait à l’origine que le Soldat Inconnu devait être l’élément qui permettrait à tous les Français d’être unis autour de l’idée de nation. La signification politique de ce symbole peut donc paraître ambiguë, peut-être même contradictoire. Il reste qu’un pays, sans sacrifice, sans mémoire et sans exemple ne peut avoir d’avenir.2. Notre avenir… Justement, regardons-le à la lumière de cette petite flamme. Et considérons-la comme un symbole d’espérance. N’est-ce pas le poète Charles Péguy, mort au combat en 1914, qui voyait l’espérance comme une petite flamme ? Le poète est hors du temps. Ne peut-il pas nous aider à comprendre le sens que doit avoir aujourd’hui, 100 ans plus tard, le ravivage quotidien de cette flamme sur la tombe du Soldat inconnu ? Il nous dira ce qui est invisible pour les yeux et nous laissera raconter la promesse que l’on peut tous voir et qui est pour chacun d’entre nous, et plus encore pour la France. « C’est embêtant, dit Dieu, quand il n’y aura plus ces Français, il y a des choses que je fais, il n’y aura plus personne pour les comprendre. » Par ces mots, Charles Péguy voulait parler de l’Espérance.2.1. Dans le poème Eve, Péguy évoque le sens profond du sacrifice pour la patrie. Il en fait une béatitude. Car il ne s’agit pas seulement de défendre un petit lopin de terre ou des biens matériels, mais des honneurs ; non pas une vaine gloire, mais ce qui fait la grandeur de nos vies humaines, ce qui leur donne un prix inestimable. Nos maisons, dit Péguy, « sont l’image et le commencement, et le corps et l’essai de la maison de Dieu. » La cité terrestre est le commencement de la cité céleste. Le poète signifie ainsi que le bien qui nous rassemble ne peut provenir d’un vote décidé à la majorité des voix, mais de la volonté de Dieu. Certes, la cité terrestre n’est pas la cité céleste. Cependant, nos maisons paternelles ne peuvent se bâtir contre celle de Dieu. Oui, la France est laïque, mais n’est-elle pas depuis son baptême Fille aînée de l’Eglise. La Flamme du Souvenir devient alors l’icône du Cierge Pascal que l’on allume à l’autel pour montrer l’éclat de la victoire du Ressuscité sur les ténèbres. Alors contemplons cette image pour en faire apparaître les vertus auxquelles elle nous invite. 2.2. En vous rapprochant de la Flamme, vous pourrez remarquer que la structure qui la contient présente trois symboles. Elle surgit en effet d’une gueule de canon tournée vers le ciel, située au milieu d’un bouclier renversé sur lequel apparaissent des glaives. Bouclier, glaive : voilà les armes simples du soldat grâce auxquelles il combat et défend sa patrie. Ils symbolisent ainsi la vertu de Force qui rend tout homme capable de poursuivre et de défendre le Bien, quelles que soient les difficultés. Le canon, à son tour, se tient droit, pointé vers le ciel. Ainsi il ne vise personne. Il représente la vertu de Justice : elle respecte le droit de chacun et rend à tout homme son dû. Mais ces trois symboles ne sont pas les seuls à donner du sens à la Flamme. Cette dernière est en elle-même un symbole. Elle éclaire dans la nuit, tel un phare guidant les navires. Voici donc la Prudence qui éclaire chacun sur ce qu’il doit faire. Sous la Flamme, enfin, repose le Soldat Inconnu. Le fait qu’il ait emporté avec lui, sous la terre, jusqu’à son nom est pour nous un exemple d’humilité qui nous pousse à bannir de notre vie tout mouvement d’orgueil, et à agir avec modération. L’humilité de cet anonymat relève de la vertu de Tempérance. Plus encore, cette Flamme est à Paris, capitale de la France, sur la place de l’Etoile d’où partent tous les chemins. Elle est sous l’Arc de Triomphe et non au Panthéon. Elle ne montre pas la grandeur d’un homme, mais l’unité d’un peuple. 2.3. Quel enseignement peut-elle donner à tous ceux qui veulent répondre de la destinée de la France ? Le Ravivage quotidien de la Flamme sur la tombe du Soldat Inconnu est une marque d’amour de la patrie, il s’agit d’un acte de piété. Cet amour de la Patrie est naturel mais il peut être déréglé, et devenir excessif. Dans ce cas, le plus grand bien de la société, le Bien Commun, est réduit à la Patrie. Il est arrivé qu’au nom de cet idéal on engage des guerres injustes. Or le Bien Commun est le fait de bien vivre ensemble, ce qu’une guerre ne permet pas. C’est pourquoi le philosophe québécois Charles de Koninck a raison de dire qu’il ne faut pas que le Bien Commun et la patrie soient confondus. Mais il existe un autre dérèglement, quand on construit une communauté politique au mépris de la patrie. En effet, la patrie n’est rien d’autre que l’ensemble des familles unies par une même histoire, une même culture, une même volonté pour l’avenir et par la courtoisie.Le Ravivage quotidien de la Flamme nous rappelle ainsi qu’on ne peut construire le Bien Commun au mépris de la famille.Conclusion :Il apparaît à présent que cette Flamme n’est ni moribonde ni vacillante et que son Ravivage n’est pas un vestige du passé. Il nous rappelle comment la France a su se relever de ses deuils et dépasser ses clivages politiques. Mais sa charge symbolique a évolué. Jour après jour, il nous montre l’avenir. Il nous rappelle qui est l’homme et ce qu’il doit être, l’enfant d’une patrie au service du Bien Commun, un homme accompli par les vertus et respectueux de la famille. Quant à moi, je suis d’accord avec Nietzsche lorsqu’il dit que « l’avenir appartiendra à ceux qui auront la mémoire la plus longue ». Il nous faut donc regarder cette flamme du soldat inconnu et son ravivage quotidien en gardant à l’esprit le meilleur de la pensée grecque qui a été intégré au christianisme : le sens des quatre vertus cardinales et du bien de la cité. C’est, pour parler à la manière d’un Gustave Thibon, une révolution française chrétienne dont le monde a besoin maintenant.Les sifflets du 11 novembre n’éteindront donc pas la Flamme. N’expriment-ils pas au contraire le fait qu’on ne peut sans contradiction ou hypocrisie, mépriser la famille et honorer la patrie ?

Texte d’Alban de Lapasse :

« Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de Triomphe ! ».Le 2 décembre 1805, sous un soleil passé depuis à la postérité, Napoléon Ier, vainqueur à Austerlitz de la bataille qui vit s’affronter trois Empereurs, lance à ses armées ces mots immortels et gonflés de fierté.Erigé au cœur de Paris, l’Arc de Triomphe de la place de l’Etoile est à lui seul le souvenir vivant d’une France glorieuse, façonnée par le courage et le sacrifice de milliers d’hommes, de conditions différentes mais réunis dans un même combat, face à la même mitraille et sous un même étendard.Le drapeau tricolore qui y flotte aujourd’hui est le même que celui que nos grognards allèrent planter jusqu’aux confins de la terre, des déserts arides des pyramides d’Egypte aux plaines glacées de la Sainte Russie. Il est aussi le même qui trempa dans le sang de Trafalgar et dans la boue de Waterloo.Triomphante ou meurtrie, la France sait se souvenir de son Histoire. Winston Churchill, dont la nationalité d’Outre-Manche n’étouffa pas le génie, ne disait-il pas qu’une Nation devait regarder loin vers son passé pour voir loin vers l’avenir ?Si la mémoire d’un Pays est une flamme vacillante qu’un vent mauvais peut souffler à chaque instant, cette flamme peut-elle être mieux symbolisée que par celle qui, tous les jours, est ravivée au pied de cet Arc de Triomphe que nous offrit un petit Caporal ?Mais aujourd’hui, en 2014, le ravivage quotidien de cette flamme a-t-il encore un sens ?Antérieurement au Premier Ministre Britannique, le Maréchal Foch déclara : « Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ». Alors en ce jour, laissez-moi remémorer 4 ans de guerre sanglante, laissez-moi établir un bref historique de cet épisode si complexe.« Plus jamais ! » … Tel est le slogan qui fleurissait sur toutes les lèvres au lendemain de la Grande Guerre.Non, plus jamais les gueules-cassées, ces soldats déshumanisés dont les visages furent si monstrueusement mutilés que leurs propres mères, épouses et enfants les rejetèrent, hurlant d’effroi. Plus jamais les gaz, l’horreur d’une dernière inspiration suffocante, cette cruelle brûlure mordant peaux et poumons et faisant vomir ses entrailles. Plus jamais l’horreur des tranchées, le froid, la boue, les rats, le feu. Plus jamais la guerre, plus jamais ! La Marne, Verdun, la Somme, le chemin des Dames … Ces noms ont fait frissonner nos aïeux, nous leur devons de nous en faire l’écho. Cette année 2014 est à marquer, sinon d’une pierre blanche, au moins d’une croix noire, pour commémorer le centenaire de cette Der des Ders sanguinaire, de ce conflit fratricide qui déchira l’Europe et immola ses enfants.Aujourd’hui plus que jamais, la flamme de la tombe du soldat inconnu se souvient. Mais pourquoi se souvenir, me demanderez-vous, quand le dernier poilu s’est éteint en 2011 ? Pourquoi inlassablement ressasser les mêmes visions d’horreur ? Tout simplement parce qu’elles ne sont pas le seul héritage des tranchées. La Grande Guerre fut une vaste épopée humaine, affreuse certes ; mais comme toutes les épopées, elle charria de la boue mais également de l’or.Le regard actuel que nous portons sur cet épisode est unanimement pessimiste, ou peu s’en faut. On y dépeint une armée faite d’officiers cruels et de soldats rebelles, une armée à la tête dure et aux bras ballants. Les errements catastrophiques du Général Nivelle, commandant en chef des armées françaises, sont tout ce que l’Histoire a bien voulu retenir, car si son successeur sauva la France, peu de nos contemporains oseraient attribuer à Philippe Pétain le statut de héros. On préfère se souvenir d’une guerre désastreuse en pantalon rouge, rouge comme le sang des innocents ou comme celui des condamnés à mort, c’est selon. Une guerre où les soldats poussés par la faim se mutinèrent en nombre et finirent cloués au peloton d’exécution par centaines. Les chiffres officiels ont beau prouver qu’il n’y eu que 49 fusillés, l’imaginaire collectif a l’esprit tenace.Si bien des massacres furent inutiles, comparer nos soldats à de la chair à canon, c’est leur ôter toute substance humaine et nier leur exemplaire courage.On ne sait pas grand-chose du soldat inconnu, sinon qu’il est Français. Mais si une balle ennemie vint sournoisement le faucher en pleine jeunesse, je suis prêt à parier que cette balle le frappa en plein cœur, et non pas dans le dos. Le soldat inconnu enterré sous l’arc de triomphe, ce héros anonyme est universel : il souligne l’héroïsme discret de chaque militaire, il vante l’audace du poilu quelconque et oublié au fond de la tranchée, il marque le caractère mystique et impénétrable du sacrifice suprême des soldats morts pour leur Patrie. Au-delà de la symbolique militaire, au-delà de la commémoration des frères d’arme de cet homme, c’est l’ensemble de la nation qui est mis en valeur. L’enfant séchant ses larmes en attendant son père de retour du front, la femme remontant ses manches dans son usine d’armement, ou encore la mère regardant s’éloigner son fils vers une mort certaine.La flamme du soldat inconnu, c’est l’abnégation de nos poilus sortant de la tranchée aux premières lueurs de l’aube, chargeant sous les rafales, rampant dans la boue, la peau déchirée par les barbelés. Quand les munitions venaient à manquer, c’est baïonnette au canon qu’ils faisaient face à la mort. Et quand celle-ci leur présentait son visage camard, c’est avec fierté qu’ils soutenaient son regard de glace, tombant pour la France le front haut et les poings serrés.La flamme du soldat inconnu, c’est Le Feu de Barbusse, mais c’est aussi un souffle d’espoir sur des braises de courage.La flamme du soldat inconnu, ce sont les mousquetaires au siège de la Rochelle, Cyrano affrontant cent faquins à la porte de Nesle, ce sont les grognards de Napoléon au dernier carré de Waterloo, les six légionnaires chargeant mille hommes à Camerone, les tirailleurs Sénégalais tombant pour une terre qu’ils n’avaient jamais foulée. C’est le superbe frôlant le grotesque, le ridicule qui n’étouffe pas le panache, le coq gaulois claironnant debout sur un tas de fumier. Le 23 aout 1927, lors d’une émeute communiste, la tombe du soldat inconnu a été profanée. Le 14 janvier 2014, un homme a tenté de franchir le cordon de sécurité de la tombe pour éteindre la flamme à l’aide d’un extincteur.En ravivant quotidiennement la flamme de l’Arc de Triomphe, ce n’est pas le soldat inconnu que l’on commémore, c’est la Patrie pour laquelle il a donné sa vie. Ce n’est pas une flamme que l’on souhaite rallumer, mais des valeurs.De la même façon, lorsqu’on en souille la sépulture, ce n’est pas au soldat inconnu qu’on manque de respect, mais à la Nation qui l’a vu naître. Se rendre coupable d’un tel affront, sous tel ou tel prétexte politique, c’est cracher à la face de la France, brûler le drapeau, froisser le plus beau pour ne garder que le plus crasse.De la bataille d’Azincourt à celle de Dien-Bien-Phu, de la libération d’Orléans à celle de Paris, le soldat inconnu incarne tous nos combats, qu’ils soient guerriers, politiques ou culturels, qu’ils se soient soldés par des victoires ou par des échecs. Au-delà du courage, du sacrifice, au-delà du devoir de mémoire envers les soldats morts pour la France, La flamme de la tombe du soldat inconnu nous rappelle l’importance capitale d’une paix durable. Souvenons-nous de ces mots de Jean-Louis Bourlanges : « Ce n’est pas l’Europe qui a fait la paix mais la paix qui a fait l’Europe ». Les individus des sociétés modernes ont toujours vécu dans un climat pacifique et ne croient plus en la possibilité d’une guerre ! Mais cette flamme, cette faible lueur vacillante est le symbole marquant de la fragilité de la paix et le rappel que l’on doit conserver cette envie acharnée de la préserver. Il y a cent ans, le seul assassinat de l’archiduc François Ferdinand à Sarajevo, illustre inconnu aux yeux de la plupart des soldats de 14-18, fut suffisant pour embraser l’Europe et arracher à la vie des millions d’innocents. Alors cent ans après le début de ce conflit, cent ans après le début de la Première Guerre mondiale efforçons-nous d’atteindre la douceur sereine d’une paix inébranlable.Les médias d’aujourd’hui ne cessent de se fendre de titres désastreux, hurlant avec les loups contre la crise qui ébranle notre vieux pays. Mais cette crise n’est-elle vraiment qu’économique ? La flamme du soldat inconnu, je vous l’ai dit, symbolise des valeurs. Quelles sont aujourd’hui les valeurs de la France ? Depuis la fondation du royaume des Francs par Clovis, il aura fallu des siècles d’Histoire pour qu’on puisse lire au fronton de nos mairies la triple inscription « Liberté, Egalité, Fraternité », inscription qui s’étendait naguère en lettres d’or, mais dont les mots ont aujourd’hui perdu leur éclat. Liberté ? Que dirait le soldat inconnu s’il savait qu’on invoque aujourd’hui une liberté de donner la mort, alors que lui a donné sa vie ? Egalité ? Que dirait le soldat inconnu, s’il savait que les Français se déchirent au nom d’une Egalité biaisée, qui ignore toute notion de complémentarité ? Fraternité ? Que dirait, enfin, le soldat inconnu, s’il savait que la France est devenue le terreau de l’individualisme, alors que lui-même avait des frères d’armes aussi différents que peuvent l’être un Malgache et un Indochinois ?Oublieuse de ses valeurs, la France ressemble à un bateau perdu sur un océan démonté. Le vent souffle en furie, les vagues font grincer ses vieilles planches torturées. « Une nation doit regarder loin vers son passé, si elle veut voir loin vers l’avenir. »Depuis bientôt un siècle, tous les soirs, en ravivant la flamme sur la tombe d’un illustre inconnu, une poignée d’anciens combattants aide la France à voir loin vers son passé, et si ce passé fut forgé par les sacrifices, il est avant tout chargé d’espoir, alors c’est avec détermination mais sérénité que la France doit se tourner vers l’avenir, car la coque du navire est robuste, bon sang ne saurait mentir. Alors la tempête aura beau se déchaîner, selon la devise de notre vieux Paris, « fluctuat nec mergitur » : le navire est battu par les flots, mais ne sombre pas.Et si les marins contemplaient la nuée, ils apercevraient, au lointain, comme un phare, une lueur venant éclairer leurs ténèbres, une flamme d’espoir qui, pour eux, ne doit jamais cesser de brûler.